Historique de la coopérative des femmes transformatrices de produits locaux
Histoire de la Coopérative de Woïyo Kondeye : La composante jeunes femmes de la Coopérative multifonctionnelle des femmes entrepreneurs rurales
1. Origine de la Coopérative
En décembre 2006, 10 jeunes femmes, diplômées ou non, dont certaines ayant connu l’ONG Woïyo Kondeye, par l’entremise de la CAFO, sont venues effectuer des stages de perfectionnement à l’ONG. Elles ont décidé de se rassembler dans le but de mener des activités génératrices de revenus (AGR) à travers la transformation alimentaire des produits locaux maliens et la commercialisation de ces produits. Sur l’initiative de l’ONG Woïyo Kondeye, ces jeunes femmes ont bénéficié d’une formation de deux semaines sur la transformation alimentaire, dans le but d’orienter pour un emploi permanent. Cette formation était dispensée par Mme. Adam Tall, qui travaille à l’Afrique Verte, mais financée par la secrétaire générale de l’ONG Woïyo Kondeye. Les femmes ont adhéré à la « Coopérative entrepreneure des femmes rurales » (Coopérative existant déjà et regroupant des femmes membres de la CAFO et de d’autres organisations. Cette Coopérative, dite multifonctionnelle, intervient dans tous les domaines). Les femmes ont donc obtenu un récépissé, pour officialiser leur Coopérative, en constituant la composante « Jeunes femmes », de la Coopérative précédemment nommée.
2. Formation sur la transformation alimentaire
Lors de cette formation, les femmes ont appris des notions sur :
–L’hygiène : alimentaire, vestimentaire et environnementale
–La transformation des produits locaux, le séchage et la conservation:
Les céréales : Djouka, fonio précuit, tiakiri, bouillie enrichie, monikourou
Les légumes : oignon séché
Les sirops : gingembre, bissap, tamarin
Les instantanés : gingembre
Les confitures : papaye, bissap
Les fruits séchés : papaye, banane, ananas
–L’emballage et l’étiquetage : Pour les céréales, les instantanés, les légumes et fruits séchés, les femmes ont appris à emballer dans les sachets. Pour les sirops, elles ont appris à les conserver dans des bidons de 1 litre et ¼ de litre. Pour ce qui est des confitures, les femmes ont appris à conserver dans les bouteilles recyclées, lavées et désinfectées, de mayonnaise.
–Le calcul de rentabilité : Les femmes ont appris à faire des calculs de rentabilité à partir du coût réel dépensé et de la quantité produite, afin de calculer la marge bénéficiaire.
–La commercialisation : Suite au calcul de rentabilité, les femmes on pu fixer le prix de vente.
3. Les suites de la formation
Les produits préparés lors de cette formation ont servi à faire la promotion de la Coopérative de transformation : certains aliments ont été donnés aux partenaires et visiteurs de l’ONG Woïyo Kondeye et d’autres produits ont été vendus par les membres formés (laissant aux femmes une petite marge bénéficiaire). Suite à la formation, les membres étant très motivés, étaient présents à presque tous les jours.
4. Les premières expériences de transformations
En janvier 2007, l’argent ramassé suite à la vente des produits (réalisés lors de la formation) a servi à financer les expériences de transformations suivantes : Djouka, Tiakiri, fonio précuit, sirops, instantanés, confitures, fruits séchés et légumes séchés. Tous les produits préparés ont été grandement appréciés par l’ensemble des clients, mais plus particulièrement le Djouka et le fonio précuit. Les femmes ont préparé beaucoup de Djouka, étant donné que le profit sur ce produit était plus important. Les femmes ont adapté les connaissances acquises lors de la formation, à d’autres aliments, comme : viande séchée, tomate séchée, mangue, persil séché, céleri, poivron, carotte, ciboulette. L’ensemble de ces produits ont été vendus à l’ONG, la CAFO, au GPD-CF, au COFEM et aux membres de l’entourage des femmes de la Coopérative. À ce moment, les femmes étaient motivées par le travail et désireuses d’aller de l’avant dans le projet de la Coopérative. Il n’y avait pas de bénéfices financiers, en raison d’une mauvaise organisation : beaucoup de gens prenaient à crédit, les femmes n’osaient pas réclamer l’argent par manque d’expérience, les « petits profits » étaient immédiatement réinvestis dans d’autres transformations ou utilisés par les femmes pour se nourrir. La Coopérative n’était pas rentable à ce moment, elle fonctionnait à perte, pour les raisons précédemment énumérées. La directrice exécutive a donc apporté un appui financier de 20 000 FCFA pour encourager les femmes.
Vers fin mai, début juin 2007, les femmes de la Coopérative ont été responsabilisées pour offrir le service de restauration, lors d’une formation de cinq jours à l’ONG. Pour cela, elles ont eu un fonds de 50 000 FCFA. Les femmes avaient un montant de base qu’elles ont ajouté aux 50 000 FCFA, pour pouvoir réaliser une grande production. Kadiatou Traoré 1 et Awa Dembelé 1 avaient préparé un budget pour la gestion de ce gros montant d’argent (environ 100 000 FCFA). Voyant les gros profits éventuels de cette grande production, les femmes avaient planifié de produire le Dkouka, Tiakiri, couscous et monikourou. Pour ce faire, elles ont acheté 80 kg d’arachides, 40 kg de fonio, 50 kg de petit mil, en plus des autres ingrédients complémentaires (2 sacs de charbons, de nombreux emballages, du bois en grande quantité, beaucoup de poissons séchés, etc.)
5. Difficultés rencontrées…
De nombreuses difficultés ont été rencontrées :
– Une grande quantité d’arachide a été versée par terre, devant le moulin
– L’électricité à coupé durant deux jours
– L’arachide était dans le sac fermé, bien attaché même !!
– La dégradation de la qualité de l’arachide
– La pluie est rentrée dans les séchoirs et à gâté tous les produits transformés
– La totalité du Djouka à été gâtée
– La maladie
– Manque de suivi des femmes
– Trop grande quantité planifiée, selon le nombre de femmes présentes et leurs disponibilités
– Quatre femmes de la Coopérative ont trouvé du travail et ont donc quitté la Coopérative
Le Djouka n’a pas pu être vendu aux clients, mais a été, en partie, consommé par les femmes, puis 23 kg gâtés ont été jetés par Awa Dembelé 1. Les femmes ont perdu toute motivation à vendre les autres produits transformés, en trop grande quantité.
Vers août / septembre 2007, les femmes de la Coopérative ont emprunté un montant de 20 000 FCFA, à Julie (volontaire envoyée par UNITERRA CECI pour les cuisines collectives). Cet argent à servi à réaliser deux transformations de Djouka. Une fois de plus, l’argent n’a pas été récupéré en totalité, toujours en raison d’une mauvaise organisation, planification et gestion. Par contre, le montant total a été remboursé par les femmes, qui ont touché un montant de 3500 FCFA chacune de bénéfices (elles étaient quatre femmes présentes à ce moment). L’argent à permis aux femmes de faire quelques séances de transformations, jusqu’en mars 2008. C’est à ce moment que le reste de l’argent à été dispersé, non récupéré et que les transformations de la Coopérative ont cessées.
6. La reprise du projet…
En septembre 2008, une première stagiaire canadienne, de l’Université Laval (Québec), a été envoyé à l’ONG Woïyo Kondeye, dans le cadre du programme UNITERRA, en partenariat avec le CECI et le CSSS (Centre de Santé et Services Sociaux) Vieille-Capitale, dans le but de développer une collaboration Nord-Sud. L’ONG Woïyo Kondeye a elle-même formulée ses besoins en matière de stage. Claudia Bolduc, étudiante en service social est donc arrivée en début septembre, pour réaliser un stage de trois mois, en organisation communautaire, au sein de l’ONG. Le mandat du stage, par rapport à la Coopérative, était d’accompagner et de soutenir les femmes dans leur projet de Coopérative de transformation des produits locaux, de les aider à s’organiser et à se structurer.
À partir de cela, les femmes de la Coopérative ont planifié une autre expérience de transformation, dès le 18 septembre 2008. Les sept femmes de la Coopérative ont décidé de préparer du djouka. À ce moment, faisaient partie de la Coopérative les femmes suivantes : Kadiatou Traoré 1, Kadidiatou Traoré 2, Awa Dembelé 1, Awa Dembelé 2, Bintou Diarra, Alima Touré, Founé Diarisso, qui sont les animatrices des cuisines collectives. 2 stagiaires nouvellement arrivées se sont également jointes au processus de transformation. Afin de réaliser cette expérience de transformation, les femmes ont emprunté de l’argent dans la caisse des cuisines collectives.
7. La transformation du djouka : les étapes du processus
Les femmes de la Coopérative ont planifié l’activité de transformation : deux d’entre elles sont allées au marché, acheter les produits nécessaires à la préparation du djouka, puis ce fut l’étape des préliminaires, pour enfin faire la transformation (19 septembre 2008). À cette étape, presque toutes les femmes étaient présentes. Puis ce fut l’emballage, l’étiquetage et la répartition des produits finis quelques jours plus tard. Les femmes de la Coopérative ont bien réalisé tout le processus en respectant les diverses notions apprises lors de la formation.
8. La Coopérative s’organise
Suite à cette activité de transformation, un retour et bilan ont été fait sur cette expérience, entre autre, par un questionnaire passé aux femmes de la Coopérative. Nous avons ressorti comme problématiques majeures, l’aspect de la vente et de la commercialisation. C’est-à-dire, tout ce qui concerne l’écoulement des stocks, la vente et commercialisation, la répartition des produits et la récupération de l’argent après les ventes. Nous avons donc décidé ensemble de prioriser ces éléments et de travailler à l’amélioration et au renforcement des femmes à se structurer, particulièrement lors de ces différentes étapes, mais également tout au long du processus. Nous nous sommes donné un rythme de travail, à raison d’une fois par semaine. Lors de ces rencontres, animées par Claudia (stagiaire), nous avons instauré l’habitude de faire des ordres du jour et des comptes-rendus. Nous avons créer et évalué ensemble les outils pertinents que les femmes de la Coopérative devraient se donner (exemple : liste téléphonique, calendrier d’activités, classeur pour répertorier les différents documents, grille de planification financière, de gestion des commandes, répertoire des clients potentiels, outil pour la planification de la journée de transformation, plan d’action, etc.)
Afin de valider la pertinence de ces différents outils et afin de les adapter au contexte, nous avons décidé de planifier une seconde transformation (fin octobre / début novembre), pour mettre en pratique les notions apprises et expérimenter les outils.
Leave a Reply